La diététique, racontée par les trois cheffes du département

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Publié le par Alba Vanhaelen

Viridiana Grillo, Isabelle Harpigny et Jessica Wouters coordonnent ensemble le département de diététique de la HE Vinci. Partons à leur rencontre et découvrons ce département hyperactif et en évolution constante !

Bonjours à toutes les trois, pouvez-vous vous présenter et nous en dire plus sur votre parcours ?

Viridiana Grillo : je suis diététicienne de formation. En septembre 2024, je suis devenue cheffe du département diététique. J’y enseigne depuis 2020 principalement des cours pratiques de pathologie et de démarche de soins. Auparavant, j'ai travaillé 15 ans à l'hôpital Érasme (HUB Erasme). En dehors de la HE Vinci, je reçois des patients en consultation 1 jour par semaine et je suis responsable du GDN, le groupement des diététiciens en néphrologie.

Jessica Wouters : Je suis actuellement cheffe de département adjointe. Cela fait 16 ans que je suis à la HE Vinci en tant qu'enseignante, d'abord en technique culinaire, ensuite davantage dans les cours pratiques de nutrition et de diététique (obésité, dénutrition, diététique clinique). J'ai travaillé 5 ans en tant que diététicienne clinicienne pour les hôpitaux Iris Sud et cela fait 17 ans que je pratique en consultations diététiques. En plus de tout cela, je suis membre du groupement des diététiciens en oncologie et en gériatrie.

Isabelle Harpigny : Également diététicienne, je me suis spécialisée en pédiatrie. J'ai d’abord travaillé en milieu hospitalier (Cliniques de l'Europe et HUDERF) avant de suivre le master en santé publique. J'ai également fait un peu de consultation en cabinet privé. Assez rapidement, je suis arrivée à la Haute École comme enseignante extérieure. Aujourd’hui, l’enseignement est mon activité principale. Je donne notamment les cours sur l’alimentation de l'enfant ainsi que les cours d'éducation thérapeutique du patient. Je continue à animer des ateliers culinaires sur le thème de l'alimentation durable pour les familles.

Jessica Wouters, Isabelle Harpigny et Viridiana Grillo
Jessica Wouters, Isabelle Harpigny et Viridiana Grillo

Qu’est-ce qui vous a attiré vers la diététique ?

Isabelle H. : J’avais envie de faire de la prévention en santé, pour anticiper les problèmes liés à une alimentation inadéquate. C’était vraiment cet axe que je souhaitais développer.

Au début, je ne voulais pas me diriger vers le milieu hospitalier. C'était même un secteur qui ne m'attirait pas du tout. J’appréhendais les actes invasifs sur les patients comme les prises de sang, les prélèvements ou autres. La diététique rendait le contact interpersonnel possible sans impliquer d'actes techniques à poser. Finalement, je me suis peu à peu habituée au milieu hospitalier même si l’éducation pour la santé reste ma première passion.

Jessica W. : Déjà en 5e humanité, je lisais attentivement les étiquetages nutritionnels (rires). J’avais déjà envie de comprendre ce qui composait l'aliment. L’aspect scientifique de la diététique m’a aussi attiré, car j’avais un attrait pour ces matières.

Une fois un pied dans la profession, c'est plutôt l’aspect relationnel avec les patients qui m’a plu. Aspect que je retrouve également avec les étudiants.

C’est à la suite d'un test d’orientation que j’ai découvert l’existence de la diététique. J'ai lu un petit peu le programme et je me suis dit : “Tiens, il y a des sciences et de la cuisine ? Sympa !”
Viridiana G.

Viridiana G. : Contrairement à mes collègues, la diététique est venue à moi un peu par hasard. J'ai toujours été attirée par le milieu de la santé. J’ai donc commencé par des études en biologie dans l’optique de faire de la recherche. Il s'est rapidement avéré que cela ne me correspondait pas.

Je souhaitais donc me réorienter. Je savais que j’étais attirée par les sciences et aussi que j'ai toujours apprécié cuisiner. Étant italienne, la culture de l'alimentation a toujours occupé une place importante dans ma vie. C’est à la suite d'un test d’orientation que j’ai découvert l’existence de la diététique. J'ai lu un petit peu le programme et je me suis dit : “Tiens, il y a des sciences et de la cuisine ? Sympa !”

Je n’ai vraiment aucun regret. C'est un domaine tellement varié. On peut travailler en prévention, en éducation à la santé, pour la presse, dans des cuisines de collectivités, dans des grandes surfaces, etc. Les débouchés sont souvent méconnus. En plus, je trouve qu’il y a toujours une place laissée à l'originalité et à la créativité. Cela étant, il faut de l'énergie et de la motivation. Mais comme on mange bien, on est hyper énergiques ! (rires)

Et vers l’enseignement ?

Viridiana G. : L'enseignement s'est imposé à moi assez rapidement lorsque je suis arrivée à l'hôpital Érasme. La cheffe du département diététique souhaitait laisser la partie de son cours qui traitait de la néphrologie et qu’elle dispensait à l’HELB. J’ai donc rapidement repris cette partie. Petit à petit, j’ai donné de plus en plus d’heures. Lorsque j'ai voulu quitter l'hôpital, je me suis naturellement tournée vers l'enseignement.

Je dois aussi dire que j'ai toujours bien aimé parler en public. C’est quelque chose qui ne m’a jamais freinée. Ce sont des petits détails qui jouent, je pense.

Jessica W. : Pour ma part, mon idéal, quand j’ai fini mes études en diététique, était de faire les deux : des consultations et être enseignante. Cet attrait pour l’enseignement vient aussi probablement du fait que ma maman et ma sœur le sont toutes les deux.

À la suite de mes études, j’ai rapidement accepté de remplacer un enseignant. Petit à petit, j’ai eu plus d’heures de cours à dispenser au sein du département.

Contrairement à Viridiana, parler en public, ce n'était pas le plus naturel pour moi, même si j’avais de l’expérience. Parler face à des collègues, à des pairs, ce n’est pas la même chose que devant une classe. Finalement, une fois que j’avais pris confiance en mon cours, en la matière que j’enseignais, cela n’a plus été un souci du tout.

Isabelle H. : L'enseignement m'a toujours attiré. En fait, ma maman était aussi enseignante. Comme je le disais précédemment, très vite, j'ai voulu faire de la prévention et de l'éducation.

Après mes études, mon travail de fin d'études avait été sélectionné pour être présenté dans un concours de diététique. J'ai dû sortir de ma zone de confort en le présentant devant un grand auditoire. En fait, cette opportunité m'a montré que j'en étais capable. Puis, des opportunités m’ont permis d’arriver dans l’enseignement.

On varie donc beaucoup plus nos méthodes pédagogiques pour essayer de capter les différentes personnalités d'étudiants.
Jessica W.

Quelles évolutions avez-vous pu entrevoir dans le domaine de la diététique ces dernières années ?

Jessica W. : Je dirais l'arrivée des consultations pour préparer les étudiants. On essaie de remettre de la contextualisation, notamment avec les cours en simulation où l’on recrée une chambre d'hôpital et où l'étudiant doit jouer le ou la stagiaire en diététique. L’idée est toujours de faciliter les stages par la suite ainsi que d’appréhender le contact avec le ou la patiente dans un cadre sécurisant.

On varie donc beaucoup plus nos méthodes pédagogiques pour essayer de capter les différentes personnalités d'étudiants. Disons que la manière de donner cours est devenue moins linéaire.

Viridiana G. : Les méthodes d’apprentissage et les profils d’étudiants ont changé, mais n’oublions pas que les pratiques culinaires ont aussi énormément évoluées. Je pense qu'il y a 20 ans, les recettes qu'on préparait en cuisine étaient très différentes de ce qu’il se fait aujourd’hui.

Pour donner un exemple, l'utilisation de produits très transformés en pédiatrie a beaucoup diminué. Auparavant, on utilisait des produits avec certains critères nutritionnels sans spécialement tenir compte du degré de transformation. Alors que maintenant notre cuisine se veut au plus proche de l’environnement car c’est une des missions du diététicien.

On est également plus cohérents concernant les conseils que les étudiants vont rédiger pour des familles. On reste rigoureux, bien sûr, mais les conseils sont en général moins strictes qu'avant.

Nous sensibilisons aussi nos étudiants aux autres cultures alimentaires. Par exemple, lorsqu’on aborde sujet du diabète, on travaille sur un cas d'origine étrangère. Comme cela, ils prennent déjà l'habitude de travailler sur d'autres alimentations. En première année, ils doivent d’ailleurs imaginer un repas inspiré de leur(s) origine(s) et de leur(s) culture(s) alimentaire(s).

Isabelle H. : Ce que j'ai vu fort évoluer, c’est le renforcement des liens entre certains cours théoriques et les cours de travaux pratiques. Le programme est à présent plus cohérent ce qui permet d’aborder ces sujets de manière plus pointue.

On souhaite vraiment travailler sur le développement de l'identité professionnelle des étudiants.
Isabelle H.

Quelles sont vos objectifs en tant que cheffes de département ? Avez-vous des souhaits ?

Isabelle H. : On souhaite vraiment travailler sur le développement de l'identité professionnelle des étudiants. Certains arrivent en bloc 2, en bloc 3, sans avoir une vision claire de ce qu'est le métier et ne se projettent pas encore dans leur future vie professionnelle. On est en train de s’y atteler pour proposer des activités de visite d'entreprise.

Jessica W. : Nous essayons de rester à jour autant que possible concernant les attentes du terrain et les méthodes pédagogiques. Heureusement, nous avons, dans le département, toutes et tous encore un pied, ou du moins un lien, avec le monde professionnel, ce qui contribue énormément à cet objectif.

Viridiana G. : Ce qui m'a personnellement vraiment impressionnée, c'est l’organisation de tous les enseignements. Dès qu'il y a des changements, tout est toujours très rapidement intégré au niveau du département. Je pense par exemple au concept de durabilité, à la simulation ou encore à l'intelligence artificielle pour laquelle nous avons déjà créé un groupe de travail.

Sur un autre sujet, nous aimerions bien passer à un cursus de quatre ans parce que la diététique a beaucoup évolué ces dernières années en termes de spécialisation. Toutes les missions ont évolué aussi. On se rend compte qu’un bachelier de trois ans s'avère un peu juste pour former les étudiants à toutes les missions.

Un cliché sur les diététiciens et diététiciennes à casser ?

Toutes les trois : On mange des frites, du chocolat et on boit de la bière ! (rires)

Viridiana G. : Une info insolite : durant les congrès ou autres événements, les premières personnes au buffet, ce sont toujours les diététiciens et diététiciennes.

Jessica W. : Pour terminer sur une note d’ouverture, le terme diététique est encore associé à une idée de restriction. Alors que pour nous les mots-clés sont ouverture, variété et équilibre !