La révolution zoothérapeutique !

Voir tous les articles Formations
Vinci vmag revolution zootherapeutique 2

Publié le par Annabelle Dapoz

Audrey Desrosiers et Mélissa Snauwaert sont zoothérapeutes et formatrices au Centre de Formation continue Vinci. A partir du mois d’octobre 2024, elles interviendront dans le nouveau Certificat Haute École en Zoothérapie et médiation animale (15 ECTS).

Le VMag part à la rencontre de deux passionnées du monde animal.

Bonjour Audrey et Mélissa, pourriez-vous expliquer aux personnes qui nous lisent quelle est la place de la zoothérapie dans le champ de la santé mentale ?

La zoothérapie est une modalité d'intervention complémentaire aux thérapies conventionnelles. Les professionnel·les comme les neuropsychiatres, les pédopsychiatres, les psychiatres, les psychologues, les éducateurs et éducatrices spécialisé·es, les logopèdes, les personnes travaillant dans le secteur social, utilisent la zoothérapie auprès des patient·es. La zoothérapie fonctionne particulièrement bien en santé mentale, puisque l'animal vient se connecter au volet émotionnel de la personne.

Quels animaux accompagnent le processus ?

Nous travaillons avec des chiens, chats, lapins, hérissons, cochons d'Inde, alpagas, mini-chevaux, ânes, poules, tourterelles et perroquets.

On donne une grande importance au bien-être animal, évidemment. Il n'est pas juste considéré comme un outil. C'est un collègue d'intervention.
Audrey D. & Mélissa S.

Comment qualifier les animaux au mieux dans le processus thérapeutique ? Comment les évaluez-vous ?

On évalue les animaux sur base des grilles d'observation qui ont été conçues par Danny Bélanger, un éducateur canin et comportementaliste animalier. Il est impératif de réévaluer les animaux chaque année ou parfois même deux fois par an pour s'assurer de la personnalité de l'animal, que celui-ci soit toujours adapté au travail qu’on attend de lui. Il y a donc des grilles d'observation pour les chiens, les chats, les lapins, les rongeurs, les chevaux. On choisit l'animal en fonction de sa personnalité. On cherche avant tout un animal qui va instinctivement être proche de l'humain qui va avoir une grande capacité d'adaptation. Il va être énormément désensibilisé à tout type de situation, à tout type de personne, de bruit, d'odeur et de son. C'est très important de pouvoir mettre l’animal dans des situations variées pour faire en sorte qu’il soit bien. On donne une grande importance au bien-être animal, évidemment. Il n'est pas juste considéré comme un outil. C'est un collègue d'intervention. Il faut donc s'assurer de son bien-être. Les animaux avec lesquels nous travaillons sont heureux de venir avec nous en formation. Et si ce n'est pas le cas, parce que c'est une journée un peu plus difficile, on respecte cela, en tout temps.

Quand conseillez-vous de faire appel à un zoothérapeute ? Où travaille ce·tte professionnel·le?

Mélissa : En Belgique, j'exerce la zoothérapie dans des centres pluridisciplinaires. Je suis donc entourée d'autres professionnel·les comme un neuropédiatre, un logopède, une psychomotricienne, un neuropsychologue, une éducatrice spécialisée, une enseignante. Je travaille également dans les maisons de repos, dans les écoles, dans les centres de jour, dans les hôpitaux, dans les bibliothèques. Je pense aussi aux écoles du dehors, aux pédagogies actives où les mercredis après-midi, parfois, les enseignant·es amènent déjà leur animal et font des activités de médiation. Je pense que c'est important que ces professionnel·les aient en outre une qualification reconnue en zoothérapie.

Pourquoi est-ce important de faire connaître la profession et passer par une formation plus officielle ?

C'est important pour éviter les débordements, les dangers et les risques. On travaille avec des animaux, des êtres vivants qui ont leurs besoins, leurs limites. C'est très important que tout ça soit respecté. C'est impératif d'avoir un minimum de connaissance sur l'éthologie de l'animal, connaître dans quoi il est censé vivre puisqu'on va avoir une réelle lecture de son animal en tout temps. Quand notre animal dit stop, qu'il est fatigué, il est primordial de pouvoir y répondre tout de suite. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous avons décidé de demander à David Bertrand d’intervenir dans le Certificat. En tant que psychologue et éthologue, il a le profil parfait pour pouvoir nous donner les connaissances nécessaires minimales pour travailler auprès des animaux, mais aussi en tant que psychologue, pour travailler avec l'humain et dans le secteur du service d'aide à la personne.

On travaille aussi avec un code de déontologie et un code du bien-être animal. C'est important que tout médiateur et médiatrice animalier·e ou zoothérapeute ait la même éthique de travail.

Le fait que la Haute École reconnaisse notre formation va réglementer et permettre de départager ce qui se fait en ce moment sur le terrain et de normer et d'établir des standards élevés pour tout le monde.

Tout au long de l'année, on embarque les participant·es sur le terrain, dans différents milieux afin de travailler avec divers animaux.
Audrey D. & Mélissa S.

Pourriez-vous présenter le certificat des Hautes Écoles ?

Depuis deux ans, nous proposons la formation “Médiation animale et zoo-animation : Module 1 - Zoothérapie” au Centre de formation continue Vinci. Il s’agit d’un module de 15 heures réparti sur deux journées.

Vu qu’il y a eu beaucoup d'intérêt pour cette formation, nous avons décidé de proposer un Certificat. On l'a amélioré avec l'ajout de trois spécialistes : Nastasia Blaise, Valentine Anciaux et David Bertrand. Il s'agit d'un certificat de 170 heures organisé sur une année académique complète, qui se termine par une semaine intensive. Tout au long de l'année, on embarque les participant·es sur le terrain, dans différents milieux afin de travailler avec divers animaux. Nous nous sommes directement inspirés du modèle et des approches québécoises qui ont fait leurs preuves et que nous enseignons.

C'est une belle révolution qui s'opère !

Le Certificat vous intéresse ?