Réseau Profs en Transition : en chemin vers la soutenabilité
Voir tous les articles Développement durablePrésentation d'un mouvement naissant, unique en Fédération Wallonie-Bruxelles, qui entend mettre les questions de transition écologique et sociale au cœur des hautes écoles et des pratiques enseignantes … pour un avenir plus soutenable.
VMAG : Bonjour à tous les deux. Tout d'abord bravo à vous et à vos collaborateurs pour cette première journée du "ResPeT" (Réseau Profs En transition) qui fut une réussite et qui a permis de semer les premières graines de ce mouvement. Pouvez-vous nous raconter la genèse du projet ?
Damien H. : L'histoire a commencé en février 2021 avec le lancement du projet de recherche TransDisc (acronyme de "dimensions subjective et culturelle de la transition") rassemblant des chercheurs de trois hautes écoles (HE de la Province de Namur, ICHEC et la HE VINCI) et financé par le fond de la Recherche en Haute école de la Fédération Wallonie Bruxelles. Il s'agit d'un projet de recherche sur deux ans, parti d'une intuition commune qui est que, face aux grands bouleversements écologiques et sociaux actuels et à venir, il est désormais primordial de relier les dimensions subjectives, personnelles, aux dimensions collectives, culturelles.
Concrètement, le projet TransDISC a pour objectif d'aborder et de relier deux terrains de recherche : d'une part, l'attention et le soin à apporter aux émotions liées à l’état du monde et qui s'articule autour du "Travail qui Relie", une pratique d'origine nord-américaine en expansion en Belgique francophone ; d'autre part, le travail en IPNA - Intervention Psycho-sociale par la Nature et l’Aventure – qui consiste à accompagner des jeunes fragilisés à la faveur d’aventures en pleine Nature.
Le lien entre ces deux terrains ? Le besoin d'une connexion de soi à soi, de soi à l'autre (au groupe) et de soi à la Nature (au Vivant). Sur la base de l'analyse de ces deux terrains, l'équipe de TransDisc a pour objectif de tirer une série d'observations et de photographier les différentes pratiques en cours en Belgique francophone pour, ensuite, créer des ponts avec nos enseignements. En particulier, nous voulons en tirer un projet de dispositif expérimental : emmener certains de nos étudiants en aventure en pleine nature, et ce dès septembre prochain (2022).
En particulier, nous voulons en tirer un projet de dispositif expérimental : emmener certains de nos étudiants en aventure en pleine nature, et ce dès septembre prochain.
VMAG : Et c'est de là qu'a émergé l'idée du réseau Profs en Transition, n'est-ce pas ?
Damien H. : Oui, exactement. Une autre intuition partagée de ce projet de recherche était de mettre en lien les enseignants en haute école, concernés par les questions de Transition écologique et sociale.
Coline R. : En effet, et très vite, nous avons rassemblé, par le bouche-à-oreille, une série de personnes motivées formant ce qu'on appelle la "pépinière" du réseau qui, s'il est né de l'initiative de Transdisc, est ensuite devenu un projet totalement indépendant à partir d'août 21.
C'est important d'être clair, de savoir sur quel chemin on s'engage. On ne peut plus se contenter de greenwashing ou de changements superficiels, il faut aller dans la profondeur.
Le manifeste du Réseau profs en Transition, à découvrir sur notre site, se conçoit comme un horizon vers lequel chaque enseignant, chaque membre peut tendre. Il inscrit noir sur blanc une vision partagée de la Transition, dans un contexte où, et j'en suis convaincue depuis les nombreuses années que je travaille sur ce sujet, cette notion de Transition est souvent accompagnée d'une grande confusion. Je constate en effet régulièrement que le souci n'est pas qu'on ne parle pas assez de développement durable ou de transition, mais qu'il règne un certain fouillis autour de ces concepts. La volonté et la conviction du Réseau Profs en Transition, via l'écriture de notre manifeste, est de revenir aux racines, aux changements profonds nécessaires dans nos modes de vie, dans les normes en vigueur, dans nos manières d'aborder notre relation au vivant (et donc à nous-même également), en particulier dans le domaine si essentiel de l'éducation. On ne peut plus se contenter de greenwashing ou de changements superficiels, il faut aller dans la profondeur.
VMAG : Comment ce présupposé théorique et cette conviction s'incarnent-ils concrètement dans votre fonctionnement et vos actions ?
Coline R. : La gouvernance du réseau se base sur le système de la do-ocratie *, directement inspiré du modèle de la Fresque du Climat : chaque membre du réseau peut avoir l'initiative de lancer des projets qui lui tiennent à cœur : groupes thématiques, activités, événements ... C'est un vrai travail d'intelligence collective, d'autonomie et de lien.
La journée du 1er juin était donc la première action concrète du réseau, l'occasion d'une première rencontre pour les membres mais aussi pour les personnes extérieures intéressées par le projet. L'occasion également de se faire connaître et de lancer officiellement le mouvement au travers d'un bel événement pour lequel nous avons bénéficié du soutien de l'ARES (et donc totalement indépendamment des budgets de Recherche).
Damien H. : Ce qui est très positif pour nous c'est que des membres de hautes écoles qui ne font pas partie de la pépinière ont participé à cette journée parce qu'ils sont sensibles à la question. Ce réseau est d'ailleurs ouvert aux dix-neuf hautes écoles de la FWB et à toute personne intéressée, peu importe la discipline, peu importe le poste (bienvenue aussi aux étudiants ainsi qu'aux collègues administratifs, techniques ou ouvriers). L'idée est bien de favoriser l'interdisciplinaire et de faire des ponts entre les disciplines, entre les personnes et entre théorie et pratique. De favoriser également le décloisonnement, un concept qui nous tient tout particulièrement à cœur, Coline et moi : décloisonnement à l'intérieur des hautes écoles, mais aussi avec ce qui se fait à la lisière de nos structures. Il y a un tas d'acteurs périphériques à l'enseignement supérieur qui ont énormément à nous apporter, et vice versa. Enfin, le décloisonnement, c'est aussi l'ouverture à d'autres dimensions que la seule dimension cognitive. On sait à quel point le rapport aux émotions et le rapport au corps est quelque chose d'essentiel dans les apprentissages.
Quelle que soit l'initiative, de nos membres et futurs membres, nous les invitons à partager un maximum au sein du réseau. Il n'y a que comme cela que nous le ferons vivre et grandir.
VMAG : Quel est alors le chemin à suivre pour devenir membre du réseau Profs en Transition ?
Coline R. : C'est très simple. Il suffit d'aller sur notre site, de prendre connaissance de notre Manifeste puis de s'inscrire en ligne via la page « Devenir membre ». Et cela n'engage à rien en fait. En étant membre, vous pouvez être tenu au courant de l'actualité du réseau (via notre newsletter), ou choisir de vous investir davantage, un peu, beaucoup, passionnément. Il y a d'ailleurs une série de FAQ pour les personnes qui doutent ou se demandent comment elles pourraient s'engager sans s'ajouter de surcharge de travail. A titre d'exemple, voici le type d'actions, de propositions qui pourront être faites par les membres :
- J'ai envie d'inviter tel orateur ou telle oratrice
- J'ai envie de partager telle activité que j'organise dans ma HE
- J'ai envie de faire connaitre un TFE ou un projet d'étudiant
- J'ai envie de créer un groupe thématique autour d'un sujet bien précis
- etc...
Quelle que soit l'initiative de nos membres et futurs membres, nous vous invitons à partager un maximum au sein du réseau prof en transition. Il n'y a que comme cela que nous le ferons vivre et grandir.