Marie Druart est coordinatrice pédagogique et programme du département Soins infirmiers depuis 2018. Détentrice d'un Master en santé publique et du Certificat d'Aptitude Pédagogique Approprié à l'Enseignement Supérieur (CAPAES), elle a été maître de formation pratique et maître-assistante dans le domaine des soins intensifs et de l'aide médicale urgente. Elle a également une expérience de 8 ans dans un service de soins intensifs de l'hôpital universitaire Erasme.
Sophie Ghysselinckx est infirmière pédiatrique de formation. Elle a travaillé plusieurs années aux cliniques universitaires Saint-Luc, en hématologie et en oncologie pédiatrique. En parallèle, elle a suivi un master en management hospitalier et le Certificat d'Aptitude Pédagogique Approprié à l'Enseignement Supérieur (CAPAES) . Elle est actuellement coordinatrice de la spécialisation en pédiatrie et en néonatalogie.
Ensemble, elles coordonnent la simulation en santé en soins infirmiers et sage-femme au sein de la Haute Ecole. Un binôme qu'elles assurent depuis plusieurs années.
La Haute Ecole possède déjà des salles de simulations. Pourquoi aller jusqu’à l’immersion ? En quoi l’immersion est différente ?
Sophie G. & Marie D. : En effet, la Haute Ecole possède 3 salles de simulation en santé dans le département Infirmier responsable en soins généraux et dans le département sage-femmes. La simulation permet de reproduire des situations cliniques rencontrées, de créer des patients "à la demande" avec des mannequins haute-fidélité et cela dans un cadre assez réaliste. L’idée est soit de répéter des gestes afin de les maîtriser, soit entraîner à des gestes plus exceptionnels pour que les étudiants y soient préparés. Une des salles de simulation a d'ailleurs été aménagée avec un système audiovisuel grâce au projet Boost numérique.
Une salle immersive, de par son nom, va nous permettre d’aller plus loin dans la simulation en mettant les étudiants dans des situations encore plus proches des réalités professionnelles. Les étudiants pourront être immergés dans un contexte dans lequel la situation sera parfois plus complexe également. C’est une salle de haute technologie, de haute technicité.
D’un point de vue technique, cette salle comprend 3 murs tactiles et interactifs sur lesquels on peut projeter des vidéos et du son.
Nous sommes Marie et moi, garantes de l'utilisation de cette salle afin d'assurer le bien-être des étudiants en formation.
La simulation dans le département Infirmier responsable en soins généraux et ses spécialisations
Actuellement, les activités de simulation en santé s’organisent de la manière suivante et sont majoritairement programmées durant les stages :
- De la simulation moyenne fidélité en bloc 1 et en bloc 2 : de la simulation humaine (patient simulé/standardisé où le patient est joué par un acteur). Il y aussi de la simulation synthétique (simulateur procédural comme un bras, un torse avec un accès vasculaire,…) que nous appelons de la simulation procédurale.
- De la simulation haute fidélité en bloc 3 et en bloc 4 et dans les années de spécialisation de la simulation synthétique (simulateur patient qui est un mannequin de haute fidélité/haute technologie avec présence de la parole, bruits respiratoires, rythme cardiaque, dilatation pupille,…).
Pouvez-vous nous donner un exemple de situations qui pourront être créées et simulées dans la salle immersive ?
Sophie G. & Marie D. Oui, bien sûr ! Il sera tout à fait possible, par exemple, d’aller sur Street View et de projeter le quai d'une gare. On peut alors simuler un voyageur qui chute sur les rails du train et qui aurait besoin d'être pris en charge. Hormis le visuel, il y a aussi l'aspect sonore, c'est-à-dire qu'il sera possible d'entendre le chef de gare faisant une communication, ou encore le bruit d'une ambulance qui arrive.
En tant qu’enseignants, nous pourrions demander aux étudiants qui seront “immergés” d'intervenir sur un mannequin représentant le patient pendant que les autres étudiants regarderont la scène qui se joue.
Il serait aussi tout à fait possible de reproduire une chambre d'hôpital, un service d'urgence, une salle d'accouchement pour les sage-femmes.
Les murs interactifs permettront également de zoomer sur des radios ou d'utiliser des logiciels comme Visible Body, par exemple.
Les possibilités sont donc infinies ! Comment se déroulera un cours ?
Sophie G. & Marie D. : Avant toute chose, nous attachons beaucoup d'importance aux cadres de formation, à la pédagogie qui accompagne cette formation. Nous voulons pouvoir prendre le temps d'accueillir les étudiants, de les mettre dans des bonnes conditions et de créer ce climat de confiance. Il s'agit de la première phase, celle du briefing.
Seulement, par la suite, nous pourrons passer à la seconde phase, celle du jeu. Le moment où le scénario prend effet. Nous sommes, en tant qu’enseignants, aux commandes pour assurer la technologie et le suivi du scénario au niveau technique, mais également au niveau pédagogique. Le Centre de Développement Techno-Pédagogique nous accompagne dans la création technique des scénarios immersifs.
La 3e phase, c'est le débriefing. Un moment essentiel où nous prendrons le temps d’analyser ce qui a été joué avec les étudiants et de vérifier si les objectifs ont été atteints. C’est pourquoi, nous leur laissons un large créneau de parole. Ce débriefing peut durer près d'1h dans une séance de 2h. Dans la dernière phase de débriefing, nous demandons à l'étudiant : "Quel élément vas-tu retenir en rentrant chez toi ? Qu'est-ce qui t'as le plus marqué ?" Les réponses varieront très probablement d'un étudiant à l'autre, car ils ont parfois des niveaux de connaissances différents et également des manières de réagir qui leur sont propres.
Nous sommes dans du formatif, rien n'est évalué. Ils peuvent se tromper.
Comment les activités dans la salle immersive seront-elles intégrées dans le cursus des étudiants ?
Sophie G. & Marie D. : Cette salle immersive sera très probablement utilisée en bloc 3 et 4. J'ai l'impression qu'il s'agira aussi d'un moment de pause dans le rush des stages. Souvent, les étudiants sont contents de revenir parce que s'agissant d'un cours formatif, il y a moins de pression pour eux.
Ce sera donc un moment qui permettra de se poser, ce qu'ils et nous n'avons pas toujours le temps de faire en stage lorsque nous leur rendons visite. Durant les stages, ils doivent suivre un horaire millimétré et répondre aux attentes des équipes qui les accueillent. Le cours en salle immersive donne la possibilité de revenir parfois sur un ancrage théorique et un raisonnement qui doit être fait dans ces moments-là ce qui leur permet aussi de poser un regard réflexif sur leur propre pratique. Cela me fait penser à un autre exemple de scénario possible : un étudiant joue un membre de la famille qui est un peu envahissant, qui pose beaucoup de questions, etc. Lors du débriefing, nous en discutons avec les étudiants qui auront été spectateurs ce qui permet de revenir sur une situation qu'ils ont déjà rencontrée en stage ou qu'ils risquent de vivre un jour.
Les émotions jouent donc un rôle important dans un cours en salle immersive ?
Sophie G. & Marie D. : Pourquoi aller jusqu'à de l'immersion ? Parce qu'elle permet d'aller jusqu'au bout des choses, jusqu'au bout des ressentis, des émotions, de tout ce que l'étudiant verra comme émotion chez ses collègues. C'est cela qu'il retiendra finalement. C'est grâce à la place laissée aux émotions que l'expérience immersive a un réel impact à tout niveau.
La salle immersive a été rendue possible grâce au projet Boost numérique & à Secta Medical.