Adeline Jacobs

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Étudiante en enseignement section 2 | Étudiante à besoins spécifiques
Réussites étudiantes
05122023 Photo Adeline

Publié le par Ophélie Michelet

Adeline a 19 ans. Véritable touche-à-tout, passionnée d'Histoire, elle veut devenir enseignante. Récemment, on lui diagnostique un trouble du spectre de l'autisme. Grâce à des stratégies qu'elle met en place et à certains aménagements soutenus par la cellule ABS (Accompagnement des Besoins Spécifiques), Adeline poursuit ses études supérieures et compte bien décrocher son diplôme d'institutrice.

Bonjour Adeline. Peux-tu te présenter et nous dire pourquoi tu as choisi de devenir enseignante ?

Je m’appelle Adeline Jacobs. Je suis en bloc 1 en enseignement section 2. J’ai choisi ces études suite à mon service citoyen, une mission de bénévolat que j’ai effectuée pendant 6 mois. Je l’ai fait à l’école des Bruyères à Louvain-la-Neuve. J’y ai suivi quotidiennement des enfants de 2 ans et demi à 10 ans pendant 6 mois.

Comme c’est une école à pédagogie active, les enfants sont beaucoup plus libres. On me confiait parfois des enfants dans une pièce à part, un groupe de 5 ou 6 élèves. Ils venaient me poser des questions, me demander des explications, comme à leur professeur.

J’ai remarqué que les enfants comprenaient bien ce que je leur apprenais, alors que je n’avais pas de formation ni d’expérience dans le milieu. Je me suis dit que c’était quelque chose à exploiter. Au mois de juin, je me suis inscrite à la Haute Ecole, avec pour objectif de devenir institutrice.

Il y a 11 mois, j’ai découvert que j’étais porteuse du TSA : le trouble du spectre autistique. Je ne suis pas vraiment autiste à part entière, je me situe plutôt dans un dérivé de l’autisme. On pourrait se demander : « Si elle est autiste, que fait-elle dans l’enseignement ? ». En effet, dans nos représentations, la personne autiste préfère s'isoler, rester loin du monde et avoir des centres d'intérêts restreints mais moi, je ne suis pas comme ça, je suis même l'opposé.

En dehors de l’école, je suis quelqu’un qui est vraiment touche-à-tout. J’aime l’Histoire, et en particulier la Rome antique, j’ai fait du latin pendant 6 ans en secondaire. J’aime l’astronomie. J’ai aussi un côté très créatif : j’aime écrire des poèmes, des histoires, j’aime faire des origamis, de la calligraphie, des mandalas, du dessin. Je pratique des arts martiaux aussi.

J’ai un esprit très éveillé, un peu comme un enfant qui va être intéressé par tout ce qu’il voit. J’ai envie de transmettre tout ça à mes futurs élèves : la passion de la lecture, la découverte de nouvelles choses, …

J’ai remarqué qu’avec les enfants, le contact passe beaucoup mieux qu’avec mes pairs ou des adultes, parce que l’autisme, c’est avant tout un trouble de la communication. Et avec les enfants, je n’ai pas ce problème. Suite à l’expérience que j’ai vécue l’année dernière, je me dis que ça devrait fonctionner, et puis, c’est ce dont j’ai vraiment envie.

Quelles sont les choses mises en place pour t’aider à Vinci ?

J’ai eu deux rendez-vous avec une conseillère ABS (Accompagnement des Besoins Spécifiques). Un avant le début de l’année scolaire et un après. Pendant ces rendez-vous, on a établi mon « plan d’accompagnement individualisé » : on a analysé mes besoins, les choses qui pourraient m’aider pour les cours, l’intégration, etc.

J’ai droit à plusieurs aménagements : par exemple, je peux partir d’un cours sans avoir de pénalité, lorsque je ne me sens pas bien ou que je suis trop fatiguée. Je peux rater des cours régulièrement sans que cela ne fasse l’objet de discussions en conseil de classe car cela fait partie de mes aménagements.

Pour les stages, j’ai droit à des plus petites classes : 15 à 20 enfants maximum.

Pour les examens, j’ai demandé du temps supplémentaire. Au moment des examens, j’aurai une carte mentionnant mon statut d’étudiante à besoins spécifiques, que je devrai poser sur mon bureau. De cette manière, la personne qui surveille l’examen sait que j’ai droit à du temps supplémentaire.

Je peux facilement joindre la conseillère ABS en cas de problème. Franchement, on est bien encadrés, on n’est pas lâchés.

Je dois aussi m’adapter et trouver mes propres stratégies pour suivre mon cursus de la meilleure façon possible.
Adeline

Cela correspond-il à tes attentes ?

Je n’ai jamais bénéficié d’aménagements spécifiques avant cette année, puisque ça ne fait que 11 mois que j’ai été diagnostiquée. C’est donc un peu nouveau pour moi, je n’avais pas d’attentes particulières, mais je prends ce qui est à prendre.

Je suis tout de même quelqu’un de très autonome qui sait gérer ses cours, je ne suis pas larguée. Les premiers mois de cours se passent bien et je suis confiante pour la suite.

Malgré tout, je dois moi aussi adopter certaines habitudes, en plus des aménagements mis en place par la Haute Ecole, sinon, suivre certains cours n’est pas faisable. J’ai du mal avec les cours qui ont lieu dans de grands auditoires : au début, ça a été très compliqué. J’avais l’impression d’être enfermée dans une pièce remplie d’eau qui était en train de monter et que j’allais me noyer. J’ai cru que j’allais m’enfuir, abandonner ces cours, mais j’ai trouvé des stratégies pour m’y adapter : j’arrive bien à l’avance, je choisis ma place, je mets mon casque réducteur de bruit, je me concentre sur quelque chose pour éviter de voir la foule d’étudiants arriver, et puis une fois que le professeur s’installe, j’enlève mon casque et je suis prête à écouter le cours.

La cellule ABS ne fait pas tout, je dois moi aussi m’adapter et trouver mes propres stratégies pour suivre mon cursus de la meilleure façon possible.

Est-ce que tes enseignants ont dû s’adapter aussi ?

En théorie, les profs savent que je suis étudiante à besoins spécifiques. Il n’y a cependant pas vraiment d’aménagement qui ait une conséquence directe sur le cours ou sur les autres étudiants. Les aménagements ne concernent que moi et le prof donne son cours normalement.

Cependant, il arrive que lorsque le professeur ne donne pas des explications assez précises, ça me mette en grande difficulté, et tous les professeurs ne comprennent pas cela : ils ne s’imaginent pas qu’un manque de clarté dans leurs explications peut me procurer un grand stress.

En quoi ces aménagements sont importants pour toi ?

Comme je viens de débarquer dans l’enseignement supérieur, c’est bien d’avoir des points d’appui, de savoir que je ne suis pas toute seule, livrée à moi-même. Si j’ai un problème, il y a la cellule ABS vers qui je peux me tourner. La conseillère ABS répond vite, elle est à l’écoute et nous cherchons des solutions ensemble pour que je puisse vivre mes études plus sereinement.

L’accompagnement des besoins spécifiques (ABS) est régi par décret. Les étudiants qui souhaitent disposer d’un statut ABS doivent introduire leur demande auprès de la cellule ABS pour le 15 novembre (quadrimestre 1) ou le 15 mars (quadrimestre 2) au plus tard.
L’obtention d’un statut d’étudiant à besoins spécifiques ne diminue nullement les exigences de la formation ; les aménagements octroyés visent uniquement à donner à chacun·e les moyens de les atteindre.