Bonjour Morgane, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Morgane Loquy, j’ai 25 ans et j’ai effectué un bachelier de 3 ans en logopédie à l’ancien Institut Libre Marie Haps. J’ai commencé ma formation en 2016 et j’ai été diplômée en juin 2019. Avant cela, j’avais effectué 2 années d’études pour devenir institutrice primaire à l’ex-ENCBW (faisant également partie de Vinci), mais j’ai ensuite souhaité me réorienter et ai choisi la logopédie qui me correspondait davantage.
Qu’est-ce que la formation en logopédie dispensée à Vinci t’a apporté ?
Tout d’abord, mes études m’ont énormément formée en ce qui concerne la pratique. Malgré que les études soient condensées, on nous donne l’occasion de mettre en pratique la théorie enseignée pendant les cours en nous offrant la possibilité de réaliser des stages dès la première année. Pour moi, c’est un vrai plus !
D’un autre côté, le fait d’avoir un grand nombre de cours n’allant parfois pas dans les détails nous oblige à faire preuve d’une grande curiosité scientifique. Cela m’a apporté beaucoup et c’est devenu un réflexe : j’ai à cœur de me renseigner au mieux pour adapter mes prises en charge et évoluer dans ma pratique professionnelle. Cette habitude est restée et m’aide énormément dans mon boulot.
As-tu une anecdote ou un souvenir marquant de ta formation en logopédie à nous partager ?
Le souvenir marquant qui me revient à l’esprit est la prise en charge d’un petit patient de 3 ans qui ne parlait pas du tout lors d’un stage en Bloc 2. J’avais à cœur de donner toutes les chances d’évoluer à ce petit bonhomme et cela m’a donc poussée à faire de nombreuses recherches sur le sujet. Ce genre de prise en charge demande une grande capacité d’adaptation et de remise en question. Au cours de l’avant-dernière séance, j’ai eu droit à la plus belle des surprises : mon petit patient a formulé une demande en utilisant un mot et non plus uniquement les gestes et le regard comme il le faisait jusqu’ici. Cette évolution pouvait paraître minime vue de l’extérieur, mais c’était énorme quand on voyait d’où nous étions partis. J’ai ressenti une émotion indescriptible et j’étais très fière de cet enfant. Mon choix d’orientation professionnelle a alors pris tout son sens pour moi à partir de ce moment-là !
Pourquoi t’es-tu installée à l’île Maurice ?
Je suis venue visiter l’île Maurice pour la première fois en 2017 et j'ai eu un coup de cœur pour l’île et ses habitants. A partir de cette année-là, je m’y suis rendue chaque année pour des vacances et tombais à chaque fois un peu plus sous le charme. J’ai eu également l’immense chance de rencontrer des personnes formidables que je considère maintenant comme ma famille mauricienne de cœur.
En 2020, le coronavirus a pointé le bout de son nez et l’idée a germé. Cela me trottait déjà dans la tête depuis un moment mais je n’étais pas totalement certaine de vouloir sauter le pas. Après avoir discuté avec des professionnels sur l’île et avoir appris que la demande y était plus que présente, j’ai trouvé une annonce d’un centre cherchant à collaborer avec une nouvelle orthophoniste. J’ai alors commencé les démarches et ai obtenu une approbation provisoire de permis de travail très rapidement. Le temps d’organiser mon départ, je suis arrivée sur l’île début janvier.
Je voyais cette expérience comme un nouveau challenge, et pour moi, c’était maintenant ou jamais ! J’avais hâte de m’ouvrir à une autre culture et de découvrir une autre façon de travailler.
Que fais-tu exactement là-bas ? En quoi consiste ton travail ?
Je suis orthophoniste indépendante à l’Ile Maurice depuis fin février 2021. Pour l’instant, je prends en charge des enfants présentant des troubles ou difficultés au niveau des apprentissages (langage oral, langage écrit, cognition mathématique) et des troubles articulatoires. Je collabore au sein d’une équipe pluridisciplinaire nommée « Up Together ». C’est très enrichissant car nous travaillons en collaboration pour offrir la prise en charge la plus individualisée et adaptée aux patients. L’équipe est maintenant constituée de trois orthophonistes, trois psychologues, une psychomotricienne et une ergothérapeute.
Cependant, nous avons dû faire face à un second confinement total durant les mois de mars et avril… Pendant ces deux mois, je n’ai pas pu travailler du tout et espère donc que mon activité reprendra et se développera dans les prochains mois.
Est-ce que ton expérience aurait été différente si tu étais restée ici en Belgique ?
Cela aurait été sans aucun doute totalement différent ! C’était un réel défi de partir aussi loin pour commencer une nouvelle vie et débuter une nouvelle activité professionnelle. Cela m’a donc déjà énormément fait grandir sur le plan personnel.
De plus, le système de santé est totalement différent ici… les soins dispensés dans les hôpitaux sont gratuits, mais lorsque l’on souhaite se rendre chez un professionnel dans le privé, aucun remboursement n’est octroyé. C’est donc désolant de savoir que les soins tels que l’orthophonie, la kinésithérapie, la psychologie, etc. ne sont donc pas accessibles à tous. Beaucoup de professionnels de la santé espèrent depuis plusieurs années que les choses changent et que les soins de santé deviennent accessibles à l’ensemble de la population.
La demande est grandissante sur l’île, bien que la profession reste encore méconnue de certains. Les orthophonistes manquent car ces études ne se font pas à Maurice… Les orthophonistes sont donc des Mauriciens ayant étudié en Inde, en Afrique du Sud ou en Europe ou bien des expatriés belges, français ou anglais.
Je rajouterais qu’il est compliqué de se faire livrer du matériel orthophonique provenant de maisons d’édition belges ou françaises. Il faut donc s’adapter et faire preuve d’imagination pour avoir le temps de créer son propre matériel. J’avais tout de même anticipé en emportant du matériel de base et facilement adaptable, ainsi que tout ce que j’ai pu créer durant mes études.
Enfin, aucune formation n’est disponible sur l’île. J’espère donc pouvoir trouver des formations en ligne ou pouvoir en suivre lorsque je reviendrai en Belgique pour des vacances. Cela me pousse donc à me former davantage par moi-même en faisant preuve de curiosité scientifique.
As-tu un conseil à donner pour les étudiants et futurs diplômés ?
Aux étudiants je dirais de rester organisé et de s’accrocher, de ne pas baisser les bras ! C’est un métier tellement enrichissant, et ces études, bien qu’assez intenses, en valent la peine.
Au niveau plus général, je dirais : rester curieux. Ne pas s’arrêter aux cours qui sont dispensés durant les études, développer sa curiosité scientifique, continuer de lire, de s’instruire, d’apprendre, de se former dans les domaines que l’on prend en charge et qui nous intéressent, … Il est important de savoir remettre en question sa pratique et ses connaissances pour pouvoir évoluer et proposer des prises en soins adaptées.
As-tu un coup de cœur lié à l’île Maurice à partager ?
Un de mes nombreux coups de cœur est la cuisine. Il faut savoir que je suis une grande gourmande ! Partout sur l’île, peu importe où l’on décide de flâner, on peut vite se laisser porter par de nombreuses odeurs. La street food est unique ici : on retrouve un mélange de cultures que l’on retrouve nulle part ailleurs. Les odeurs et les saveurs sont indescriptibles et ça fait partie du charme de mon île de cœur.