Catherine Lallemand : entre course à pied, coaching et transmission
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- Athlète professionnelle et coach sportive
Bonjour Catherine, peux-tu nous parler de ton parcours ?
Il faut dire que je suis arrivée dans la compétition un peu par hasard. A l’âge de 12 ans, j’ai découvert la course à pied à la télévision : c’était en 1992 aux Jeux Olympiques de Barcelone. A ce moment-là, Marie-José Perec est devenue mon idole. Je la trouvais belle, je la trouvais grande. Elle était sous le feu des projecteurs. Et je me suis dit que j’avais aussi envie de courir et de devenir une championne.
Alors, j’ai commencé à courir. Je suis entrée en 1ère année de secondaire à ce moment-là et je m’entraînais beaucoup.
Malheureusement, quelques mois plus tard, je suis tombée dans l’anorexie. Je pesais 23kg, j’ai donc dû être hospitalisée, avec des allers-retours fréquents durant trois ans à l’hôpital. C’était un long tunnel compliqué qui a duré plus de 10 ans au total. L’anorexie est une maladie encore taboue et qui malheureusement touche beaucoup trop de monde.
Après ces trois années passées à l’hôpital, j’ai repris mes cours et la course à pied. J’ai repris peu à peu confiance en moi et quelques mois plus tard, j’ai été championne de Belgique pour la première fois. Mon premier titre national, en cross-country. Je m’en souviendrai toute ma vie.
A partir de là, j’ai enchaîné les compétitions un peu partout en Belgique et à l’étranger. Des championnats d’Europe et du monde, en cross-country, en course sur piste et en course de montagne. Progressivement, je suis devenue sportive professionnelle.
J’ai fait mon premier marathon et j’ai été sacrée championne d’Europe de course de montagne en 2003. J’ai également eu la chance de gagner les 20km de Bruxelles à 4 reprises. Cela fait partie des titres que je trouve les plus prestigieux.
Et aujourd’hui, où en es-tu professionnellement ?
Ça fait maintenant 12 ans que je coache. Je voulais vraiment partager ma passion, et tout doucement, il était temps que je raccroche les baskets : ça faisait 20 ans que je courais, je commençais à avoir des petites blessures à gauche à droite, et je ne voulais pas quitter la compétition en étant blessée partout. Donc en 2013, j’ai décidé d’arrêter la compétition (c’était aux 20km de Bruxelles avec ma 4e victoire) et de me consacrer au coaching.
L’année passée, j’ai aussi créé un organisme de formation 100% running, qui s’appelle Pulse et est dédié aux professionnels de la santé et du sport. On propose un cursus de 7 formations qui permettent d’encadrer et de coacher des coureurs. On fait notamment appel à des professeurs de Vinci : Vincent Hamelynck, Arnaud Dekeuster, Yves Devillers et Bertrand Dubois. Ils font partie des formateurs de Pulse.
Tu as déjà un sacré bagage ! Pourquoi avoir décidé de reprendre des études ?
J’ai un diplôme d’éducation physique et sportive grâce auquel je peux enseigner dans l’enseignement fondamental, mais je n’ai pas le titre de bachelier. Or, j’aimerais l’avoir pour pouvoir prodiguer des cours dans l’enseignement supérieur.
L’année passée, j’avais été invitée par Vincent Hamelynck, chef adjoint et enseignant dans le département Coaching sportif, pour expliquer mon parcours et encadrer les étudiants pendant quelques heures de cours. La transmission, c’est vraiment une valeur importante pour moi.
Mon rêve, plutôt qu’être professeure invitée, c’est de pouvoir faire totalement partie du corps enseignant l’année prochaine. Ce serait l’apothéose de cette année.
Et comment se passent les cours ?
C’est assez particulier : j’ai beaucoup de dispenses liées à mon parcours mais tout est condensé en une seule année. Et cette année est assez chargée : combiner la rédaction du travail de recherche collaborative, les stages, le travail à temps plein, la vie de famille, … c’est vraiment compliqué. Je mène 3 vies différentes : vie de famille, vie professionnelle et vie d’étudiante. Mais je garde à l’esprit que je fais tout ça pour pouvoir enseigner. C’est challengeant.
Le département Coaching sportif monte un projet pour les 20km de Bruxelles et tu en fais partie… Peux-tu nous en parler ?
Dans le cadre de mon stage, je mettrai à disposition mon parcours et mon expérience en tant qu’athlète. Via ce projet, nous proposons un encadrement dans l’entraînement et dans la planification des entraînements, ouvert à tous les membres de la Haute Ecole (étudiants, enseignants, personnel Vinci).
Les participants vont avoir des séances « tests » qui vont permettre d’évaluer leur niveau et sur base de cela, nous proposerons un programme d’entraînement sur 14 semaines adapté à chacun et des séances à intervalles réguliers pour faire le point, pour échanger.
Je suis très enthousiaste car les 20km, c’est la course de mon cœur, et c’est une course mythique en Belgique. Le fait de partager, d’être dans la transmission, c’est quelque chose que j’adore.
Le but, c’est de faire la plus grosse équipe Vinci possible, et que tout le monde arrive le 28 mai sans blessure (c’est toujours le premier objectif d’un coach), mais aussi que chacun puisse prendre son pied et s’amuser pendant cette course. Il faut que les gens puissent être fiers d’eux-mêmes à l’arrivée.