Emeline, raconte-nous ta première expérience dans le monde du travail.
Après mon diplôme d’institutrice primaire, j’ai commencé à travailler dans diverses écoles. Le début de carrière des instituteurs et institutrices est souvent composé de remplacements et l’on doit beaucoup s’adapter pour s’intégrer dans différentes écoles et enseigner à différents niveaux d’âges. Ce besoin d’adaptation permanente ne m’a pas convenu ; cela m’angoissait beaucoup et j’ai fini par me dire que je m’étais trompée de voie car je n’avais plus le goût d’enseigner.
Heureusement, j’ai eu l’occasion d’être engagée par le Collège Saint-Etienne (à Court-Saint-Etienne) comme professeure de français dans le secondaire inférieur (à titre de pénurie). Et cette expérience m’a totalement réconciliée avec le métier et m’a donné un nouvel objectif : je voulais enseigner le français aux adolescent·es.
Qu’as-tu mis en place pour ce nouveau projet ?
Quelques temps après avoir assisté aux portes ouvertes HE Vinci, j’ai rencontré la conseillère VAE et la cheffe de département. Il était important pour moi de faire reconnaître mes acquis antérieurs car je ne pouvais pas me lancer dans quatre ans d’études supplémentaires* même si le niveau d’un master m’attirait.
Suite à l’analyse de mon parcours académique et professionnel, grâce à la VAE, j’ai pu rejoindre directement le bloc 2 de l’ancienne formation AESI Français-français langue étrangère. Je suis également dispensée de certains cours du bloc 2 et du bloc 3. Il me reste donc un parcours de 2 années à 50 crédits pour être diplômée.
J’ai été très bien accompagnée. Il y a eu un moment de flottement pendant l’été car je n’avais pas encore l’assurance de commencer en B2. Mais dès la rentrée, en une semaine, mon PAE** était bouclé et j’ai pu rejoindre ma classe.
Comment t’organises-tu ?
Mon emploi du temps, avec deux années quasi complètes et des horaires changeants, ne me permet pas de travailler en parallèle, mais cela me convient bien : je prolonge ma vie d’étudiante et je m’investis à fond dans mes études. J’ai la grande chance d'avoir le soutien financier de mes parents. Si la formation avait été proposée en horaire décalé, cela aurait été un avantage pour pouvoir travailler et avoir des rentrées financières.
Comment vis-tu le fait de reprendre des études à 23 ans ?
Je craignais de devoir m’intégrer dans une classe où tout le monde se connaissait déjà, mais tout s’est bien passé. La différence d’âge n’est pas énorme non plus ! Nous avons constitué un petit groupe avec d’autres étudiants et étudiantes qui reprennent des études, notamment pour les travaux de groupe.
Le fait d’avoir été enseignante m’aide à prendre conscience de plein de choses, à faire des liens avec des cas concrets, à illustrer des concepts. Je vis les cours différemment. Quand je pose une question, je pense à une situation vécue. Cela m’aide beaucoup à comprendre la matière et à aller plus loin. Pour moi, la formation idéale devrait comprendre une dernière année d’alternance (6 mois d’enseignement sur le terrain et 6 mois de cours) pour connaître cet enrichissement mutuel.
Qu’apprécies-tu dans ta nouvelle formation à Vinci ?
J’y ai été bien accueillie, notamment par le corps enseignant qui n’a jamais trouvé problématique que je n’ai pas assisté aux cours du bloc 1 : je recevais des ressources ou certains éléments m’étaient réexpliqués.
L’équipe enseignante est très à l’écoute, très disponible ; il n’y a pas de barrières avec les étudiants et les étudiantes. Les cours sont très intéressants. Nos profs ont eux-mêmes enseigné dans le secondaire ; ils se rendent compte de la réalité du terrain. L’organisation est claire, on sait où on va ; par exemple, on a des heures libérées pour les travaux de groupe.
Quelle hésitation as-tu pu avoir avant de trouver ta voie ?
Lors de mon année de réflexion, je suis passée par tous les scénarios : entreprendre un master en sciences de l’éducation, devenir soigneuse animalière… Je m’étais renseignée pour m’y former et je me suis aperçue qu’il existait un nombre incroyable de formations professionnalisantes, courtes et accessibles financièrement. Cela m’a donné espoir et je me suis dit qu’on pouvait aisément se réorienter ou entamer une autre carrière si la vie nous y conduisait.
As-tu un message pour des personnes qui reprennent des études ?
Ce sont des conseils pour toutes et tous, pas seulement pour celles et ceux qui réentament des études. Je dirais : impliquez-vous à fond dans vos études, cela passe très vite ! Profitez de la richesse de ce qui vous est apporté par des expert·es (dans mon cas, des pédagogues, des didacticien·nes, des personnes qui connaissent la réalité du terrain) pour en retirer un maximum, avec un esprit positif, mais tout en se laissant le droit à l’erreur car on est en phase d’apprentissage.
Pour ma part, je reçois tellement de bonnes idées que j’ai fini par les compiler dans un dossier « boîte à trésors » plutôt que de les laisser plic-ploc dans mes notes. Je m’en inspirerai pour créer des activités d’apprentissage avec mes futures classes.
Pas de regret, alors ?
Pas du tout ! Ma motivation à enseigner le français grandit tous les jours. J’ai hâte de faire découvrir toutes sortes de littératures aux adolescents ; j’ai plein d’idées pour rendre mes cours attractifs. Je me constitue une bibliothèque avec plein de styles différents dans laquelle je pourrai puiser le moment venu.
*En septembre 2023, les études de bachelier AESI sont devenues un master en enseignement en 4 ans.
** PAE : programme annuel de l’étudiant