Bonjour Maxence, qu’est-ce qui t’a donné envie de te lancer dans les études de chimie en sortant du secondaire ?
Les sciences m'ont intéressé dès l’école primaire. Une fois arrivé en humanités, je me suis rendu à un salon et je me suis renseigné sur ce qui existait dans ce domaine dans les Hautes Ecoles car l’université me semblait trop compliquée pour moi. J'avais le choix entre Bruxelles et Mons : à l’époque, j'habitais Grez-Doiceau, donc le plus proche, c'était Bruxelles. Et pourquoi avoir choisi la chimie plutôt qu’un autre domaine dans les sciences ? J’hésitais entre 3 domaines : la chimie, la physique et l'informatique. L’informatique, parce que je jouais énormément aux jeux vidéo et que je me débrouillais pas mal dans l’informatique en général. Mais j'ai directement éliminé ce choix parce que je voulais que cela reste un loisir plutôt que de le pratiquer dans le cadre professionnel. Il me restait donc à choisir entre la chimie et la physique, mais je trouvais que la chimie était davantage dans « l'appliqué », là où la physique était beaucoup plus théorique. Comme je voulais quelque chose de concret, j'ai opté pour la chimie.
Après tes études, tu as travaillé dans le contrôle qualité et comme technicien de laboratoire. Peux-tu nous parler de ces différentes expériences ?
Tout d’abord, il faut savoir qu’après mes études, je souhaitais travailler dans un domaine bien précis, la recherche en chimie organique, et je m’étais fixé trois mois pour y trouver un job. Je me suis vite rendu compte qu’il n’y avait que très peu de débouchés en chimie organique, pour un bachelier. Donc, après trois mois, j’ai ouvert mon champ de recherche et j’ai trouvé dans le contrôle qualité.
Cette première expérience s’est faite dans une entreprise où il y avait beaucoup de turn-over : la personne la plus « ancienne » avec laquelle j’ai travaillé, y était depuis 4 ans. C’est un domaine où il y a beaucoup de travail mais où l’on est moins bien payé (pour un bachelier en chimie). Néanmoins, j’ai voulu vivre cette expérience à fond car j’y apprenais beaucoup : notamment, à travailler sur des appareils que je n’avais pas eu l’occasion de découvrir pendant mes études.
Après deux ans, j’ai eu l’opportunité de travailler sur un projet de recherche de l’UCLouvain, en chimie organique. Là, même si j’avais le titre de « technicien », je faisais le même travail qu’un doctorant : j’étais responsable d’un projet de recherche du début jusqu’à la fin. Concrètement, je menais mes expériences, je cherchais les informations et j'ai fait de la synthèse organique expérimentale comme je le désirais quand je m’imaginais, enfant, travailler dans ce domaine. Il s’agissait d’un projet de recherche bien défini, avec un contrat de financement d’un an et demi. J’ai fini le projet en tant que tel après 6 mois. Le reste du temps alloué, j’ai effectué des recherches sur d’autres molécules. C’était vraiment très chouette. A la fin du contrat, j’aurais pu aller travailler dans l’entreprise qui menait le projet conjointement avec l’université, mais celle-ci était basée à Liège. J’ai finalement choisi une autre voie.
C’est à ce moment-là que tu t’es tourné vers l’enseignement ?
Oui. Durant mon travail à l’UCLouvain, nous avions des stagiaires de la HE Vinci. A cette occasion, j’ai revu Mme Nemery, la cheffe du département de chimie et je lui ai demandé si, par hasard, il n’y aurait pas des postes vacants dans le département pour des anciens étudiants. Ce n’était pas le cas à ce moment-là, mais quelques mois plus tard, quand ce fut le cas, elle m’a recontacté.
J’avais imaginé travailler environ 15 ans dans la recherche mais pas beaucoup plus, car c’est un métier assez épuisant. Après cela, j’envisageais de pouvoir transmettre les savoirs que j’aurais acquis dans ce métier, en devenant enseignant. Finalement, la bifurcation s’est passée plus tôt que prévu.
Et ça te plait d’enseigner ?
Oui, ça me plait. Chaque étudiant est différent et possède ses propres méthodes d’apprentissage. Or, quand j’étais moi-même étudiant, je n’ai pas forcément reçu l’enseignement de la façon la plus adaptée à mon type d’apprentissage ou, du moins, ma vision n’était pas réellement exploitée. Maintenant que je suis dans le rôle de l’enseignant, j’essaie d’expliquer la matière d’une manière qui correspond davantage à l’étudiant que j’ai été. Par exemple, j’ai d’abord besoin de visualiser ce qu’une réaction produit pour mieux comprendre la théorie qui l’entoure. Partant de ce constat, j’essaie de donner un maximum d’exemples différents aux étudiants et étudiantes quand on commence une nouvelle matière.
Et est-ce que tu vois déjà une différence dans l’approche pédagogique du département, par rapport à l’époque, pas si lointaine, où tu étais étudiant ?
Oui, c’est complètement différent ! Déjà, parce que depuis cette année, les programmes des bacheliers en chimie et en biologie médicale ont été changés. Jusque-là, la première année du bachelier était commune. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Cela amène donc beaucoup de diversification, notamment au niveau des cours de travaux pratiques.
Ce qui a également changé, j’ai l’impression, c’est l’implication des étudiants et étudiantes dans leurs études. A l’époque, nous étions assez peu à devoir travailler pour payer nos études : certains d’entre nous travaillions pendant les grandes vacances, mais celles et ceux qui travaillaient tout au long de l’année étaient rares. Aujourd’hui, avec l’augmentation de la précarité étudiante, ils et elles sont de plus en plus nombreux à devoir travailler à l’année, à côté de leurs études. Cela leur laisse forcément moins de temps pour étudier et réellement appréhender les matières mais aussi pour se reposer.
Et qu’est-ce que tu conseillerais à un étudiant ou une étudiante qui aimerait entamer un bachelier en chimie mais qui craint de ne travailler qu’en laboratoire ?
La chimie ouvre de nombreuses voies mais on ne va pas se mentir, la formation telle qu’elle est enseignée à Vinci, est principalement axée sur le travail en laboratoire. Donc, je dis toujours à mes étudiantes et étudiants qu’ils doivent aimer cet aspect du métier, car je dirais qu’environ 80% des postes, ce sera en laboratoire.
Mais il y a aussi d’autres débouchés, comme le contrôle qualité, par exemple. Ou l’enseignement !
D’ici quelques années, est-ce que tu envisages de diminuer ta charge de cours pour repartir travailler sur le terrain ou bien tu t'imagines à long terme en tant qu'enseignant ?
Alors, actuellement je donne les TP de chimie, chimie organique et méthode de synthèse. Moi, ce qui m’intéresse réellement, c’est la chimie organique où il y a un peu plus réactions, c’est un peu plus compliqué à gérer. Et surtout, c’est moins théorique : il faut de l’expérience. Et c’est vrai que cette expérience-là, elle va me manquer un jour.
Ce que j’aimerais vraiment, ce serait de pouvoir participer à un projet de recherche qui serait confié à la Haute Ecole. Ça a été le cas, il y a quelques années dans le département de diététique, qui a participé au programme de nutrition des astronautes pour l'Agence Spatiale Européenne (projet MELiSSA de l'ESA). Cela me plairait de travailler sur un projet de ce genre, en chimie organique.