Bonjour Nathalie, pourrais-tu nous expliquer comment tu es arrivée au Centre de Formation Continue de la HE Vinci ?
Je me suis perfectionnée en stomathérapie, cicatrisation et plaie. Lorsque des besoins de formation dans ces disciplines se sont présentées, les responsables ont fait appel à moi, et c'est avec plaisir que j'ai accepté.
Quelles sont tes principales missions professionnelles actuelles ?
Je suis principalement maître assistante au sein de notre Haute Ecole. Je fais également partie de l'AFISCeP (l'Association Francophone des infirmières en stomathérapie, cicatrisation et plaies) depuis de nombreuses années.
Choisir d’exercer la profession d’infirmière est audacieux. Quelles étaient les motivations qui t’ont amenée à exercer ce métier ?
Je ne suis pas certaine que ce fut un choix audacieux. Pour la petite histoire, j'ai fait des études de qualification pour devenir esthéticienne. C'est lors de mes stages en dernière année que je me suis rendue compte que le bien-être et le contact avec les gens m'étaient indispensables, mais que l'esthétique était trop "superficielle" à mes yeux. Devenir infirmière fut presque une évidence, et mes premiers pas dans un hôpital m'ont confirmés que j'étais où je devais être. Une alchimie de technicité et de contact humain, absolument formidable !
En plus d’être infirmière tu as développé une expertise en stomathérapie (la stomathérapie consiste à assurer les soins et l'appareillage des patients après une intervention chirurgicale) et soins de plaies. Cela-a-t-il été une évidence pour toi ? Peux-tu nous en dire davantage ?
Je travaillais en chirurgie digestive, j'étais donc en contact quotidien avec des patients stomisés. Ces personnes présentent des besoins, des questions, des souffrances auxquels il est difficile de répondre. Je n'étais pas très à l'aise. Je préférais les laisser à une de mes collègues. J'avais donc un grand besoin de formation et l'opportunité s'est présentée lorsque la stomathérapeute des Cliniques m'a demandé de travailler avec elle et de suivre la formation. J'ai donc été plongée directement dans la prise en charge de ces patients, avant, pendant et après l'hospitalisation. Un rapport privilégié dans cette situation tellement particulièr.
Les soins de plaies sont arrivés plusieurs années plus tard, j'ai suivi le certificat interuniversitaire pour pouvoir exercer la fonction de référente en soins de plaies et exercer en consultation des plaies.
Depuis plusieurs années, au Centre de formation continue de la HE Vinci, tu assures diverses formations à l’intention des infirmières et tu es la coordinatrice de la Formation “Infirmier relais en soins de plaies”. Qu’est-ce qui te plait le plus dans ces activités de formation pour un public adulte ? Quelles sont les raisons qui t’ont poussée à t’engager dans la formation continue?
La formation continue est essentielle dans notre métier. Les recommandations, les techniques, les procédures sont en constante évolution. Dans mes domaines d'expertises, les appareillages, les pansements, les techniques ont beaucoup évolué ces dernières années. La compréhension de nos actes, le "pourquoi on fait comme ça" détermine la qualité de nos soins. Par exemple, en soins de plaies, il y a la prise en charge locale de la plaie, dont par exemple la cicatrisation en milieu humide, l'analyse de la plaie, la connaissance des différents pansements et la prise en charge du patient porteur d'une plaie : des soins locaux parfait sur un patient ayant des carences, avec une pathologie sous-jacente non prise en charge, n'auront aucun effet !
J'ai trop souvent rencontré des patients stomisés, ayant une qualité de vie déplorable car ils n'avaient pas reçu les bonnes informations, ils n'avaient pas l'appareillage qui leur convenait. Des plaies qui durent des mois, voire des années, car la prise en charge n'est pas optimale. Au plus les soins seront de qualité au plus la qualité de vie des patients sera augmentée ! C'est mon premier objectif !
La formation continue me permet aussi de me remettre en question. Il est facile de dire : “il faut faire ceci ou cela” si sur le terrain cela s'avère impossible !
Cela m'encourage à ma battre au niveau associatif pour faire reconnaitre les compétences des personnes qui suivent ces formations, comme l'infirmière relais soins de plaies.
La formation en soins de plaie est une formation de longue durée, qui s’étale sur 11 après-midi. Quelles sont les complexités de cette prise en charge clinique ?
La prise en charge d'un patient porteur d'une plaie est très complexe, d'une part cela nécessite une prise en charge pluridisciplinaire. Effectivement, si une plaie chronique se forme, il y a présence d'une pathologie sous-jacente. Par exemple, un ulcère de jambe est lié à une pathologie artérielle ou veineuse. Si le sang n'arrive pas, l'ulcère artériel ne va jamais guérir. Il faut donc une collaboration avec le chirurgien vasculaire ainsi qu'une compréhension des pathologies pouvant entrainer la formation des plaies. De plus, la cicatrisation sera influencée par d'autres éléments, par exemple, un patient présentant des carences alimentaires va avoir du mal à cicatriser une plaie. Il faut donc connaitre les différentes étapes de la cicatrisation et ce qui les favorisent ou ce qui les ralentissent.
Viens ensuite la prise en charge locale : quels sont les différents points à observer afin de déterminer le bon traitement ? Par exemple il existe des dizaines des pansements actifs sur le marché : comment choisir le plus adapté ?
En résumé, si cela ne dépendait que de moi, la formation durerait plus que 40 heures ! Mais avec cette formation, les infirmières ont un magnifique bagage, pour augmenter leur compréhension et leurs connaissances et ainsi pouvoir défendre leur avis auprès des autres professionnelles de la santé avec lesquelles elles travaillent.
Tu dispenseras une nouvelle formation en mars 2024 intitulée , “La prise en charge d’un patient sous-alimentation entérale”. Pourquoi avoir mis en place cette formation? Quels sont les besoins des infirmier(e)s sur le terrain ?
L'alimentation entérale est administrée à l'aide de sondes. Ces sondes peuvent être différentes dans leur localisation, forme, surveillance. Ces dernières années, de nouvelles procédures de placements ont vu le jour, avec cette évolution, les sondes de gastrostomie à ballonnet vont devenir majoritaires et donc le changement de ce type de sonde doit pouvoir être réalisé par l'infirmière, ce qui n'était pas enseigné jusqu'à il n'y a pas si longtemps. Avec les années d'expérience en stomathérapie, je suis vraiment convaincue que si les soins sont réalisés de manière adéquate, la quasi-totalité des complications pourraient être évitées. Il en découle une augmentation de la qualité des soins et donc de la qualité de vie des patients.