Bonjour Pierre, pouvez-vous nous raconter votre parcours professionnel avant de reprendre des études à Vinci ?
A 16 ans, j’ai commencé des études en alternance, dans le domaine de l’informatique pendant lesquelles j’allais un jour à l’école et quatre jours en apprentissage chez un patron. Durant cet apprentissage, j’ai travaillé dans différentes entreprises et j’ai eu l’occasion d’être embauché dans la dernière d’entre elles. C’était une petite structure, assez familiale, dans laquelle j’ai pu beaucoup apprendre. J’y suis resté 12 ans.
Ensuite, j’ai eu envie de changer de métier et de m’orienter vers la psychologie. Ma mère ayant travaillé comme éducatrice spécialisée, elle m’avait déjà ouvert l’esprit sur les possibilités qui existent dans le domaine de l’aide à la personne. De plus, pas mal de mes amis avaient rencontré des difficultés liées à la santé mentale ces dernières années, ce qui m’a fait prendre conscience des besoins dans ce domaine.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de reprendre un Bachelier en Assistant en psychologie, spécifiquement ?
J'ai commencé par une formation privée d'un an à raison d'un jour par semaine à la thérapie systémique de Palo Alto. Cette formation est accessible sans diplôme préalable.
La formation m’a plu, ainsi que le fait de pouvoir aider concrètement des personnes en difficulté, grâce à cette méthode.
Néanmoins, celle-ci reste assez limitée et me permettait difficilement d’intégrer d’autres outils dans mes accompagnements notamment en ce qui concerne le stress post-traumatique.
De plus, bien que ce ne soit souvent pas respecté, depuis quelques années, la pratique de la psychothérapie est réservée aux porteurs du titre de psychothérapeute. Cela ne permet donc pas d'être reconnu par les pairs et de travailler dans des équipes pluridisciplinaires, ce qui est une nécessité pour prendre en charge les situations plus complexes.
Ma volonté est de pouvoir faire de la psychothérapie, à terme. Donc, si je voulais évoluer dans ma pratique, j’avais besoin d’avoir un diplôme de l’enseignement supérieur et, plus précisément, un Master en Psychologie. Après renseignements, j’ai choisi de reprendre un bachelier en Assistant en Psychologie puis de m’orienter vers le Master, dans un second temps.
Pourquoi avoir choisi l’enseignement en haute école plutôt qu’à l’université ?
Etant donné que j’avais connu quelques difficultés durant ma scolarité, en secondaires, le fait de reprendre des études supérieures me faisait un peu peur. De plus, j’avais entendu que les études à l’université étaient beaucoup plus théoriques, du moins dans les premières années.
Or, je pense que le côté plus ancré dans la pratique, avec pas mal de stages dès la deuxième année du bachelier professionnalisant me convenait mieux. Cela me semblait plus « facile ». Et puis, cela me permet de retrouver plus rapidement le « monde du travail » grâce aux stages.
Je sais qu’en ayant le projet de faire de la psychothérapie, je dois avoir le Master en Psychologie pour exercer. Mais je préférais commencer en haute école et continuer ensuite à l’université, pour le Master. Et cela, même si le parcours me prendra alors six ans au lieu de cinq puisque je devrai faire l’équivalent d’une « année passerelle ».
Est-ce que vous continuez à travailler pendant vos études ?
Non, je ne travaille pas pour le moment mais ce Bachelier étant professionnalisant (contrairement à l’université), je pourrai déjà travailler à mi-temps en tant qu’assistant en psychologie pendant mon Master.
Quels aménagements vous ont été proposés dans le cadre de la VAE ?
Je n’ai pas d’aménagement spécifique dans le cadre de la VAE. Comme je suis étudiant à temps plein, je suis les cours normalement. La VAE m’a simplement permis d’entrer en bloc 1, non pas sur base d’un titre d’accès (CESS, Bac) mais sur base de mes années d’expérience en tant que travailleur.
Vous m’avez dit aussi avoir le statut d’étudiant à besoins spécifiques (ABS), c’est donc pour cette raison que vous avez obtenu des aménagements ?
Oui, j’ai le statut ABS car je suis dyslexique et dyscalculique, ce qui explique certaines de mes difficultés dans l’enseignement secondaire. Dans ce cadre, j’ai bénéficié d’aménagements au moment des examens : les étudiants et étudiantes ABS avec les mêmes spécificités que moi passent les examens dans une salle plus petite et plus calme avec moins de distraction et bénéficient de 20 minutes de plus pour compléter l’examen.
Et quels sont vos projets après l’obtention du diplôme ?
J’aimerais faire de la psychothérapie, comme on l‘a mentionné avant, mais en la liant avec de la prévention. J’aimerais commencer par travailler avec des personnes issues du milieu artistique car c’est un domaine que j’aime beaucoup et je pense qu’il y a beaucoup à faire en termes de prévention, dans ce milieu.
J’ai aussi une expérience de travail dans les écoles et j’aimerais pouvoir refaire le lien avec ces expériences précédentes et là aussi, travailler dans le cadre de la prévention.
D’autant qu’il y a pas mal de choses à faire avec les enfants et les adolescents comme de la psychoéducation de base de manière à apprendre à prendre soin de sa santé mentale comme on apprend à prendre soin de sa santé physique.
Mais aussi dans la formation des profs. Etant constamment au contact des élèves, ils sont les mieux placés pour reconnaître les premiers signes d'un mal être avant qu'il ne se chronicise.
J’aimerais également avoir un lien avec la recherche. Peut-être en transmettant des informations issues du terrain. Mais tout ça reste encore un peu flou.
Quels conseils donneriez-vous à un ami ou une amie qui voudrait reprendre des études ?
De ne pas s’inquiéter des problèmes de mémoire. Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui n’osent pas reprendre des études parce qu’ils pensent qu’il y a des tonnes et des tonnes de matière à intégrer et qu’ils n’ont plus les capacités cognitives d’en retenir autant. Mais c’est faux. Peut-être que ça prendra un peu plus de temps qu’avant pour étudier la matière, mais c’est tout à fait possible.
Et puis, en recommençant des études, on arrive avec la maturité qu’on a acquise et nos diverses expériences. On a souvent une meilleure culture générale aussi, qu’à vingt ans. Et cela nous permet de faire plus facilement des liens entre les connaissances qu’on a déjà et la nouvelle matière qu’on est en train d’étudier.
L’autre conseil que j’aurais à donner c’est de ne pas trop s’inquiéter de la notion de temps. Les études, prennent nettement moins de temps qu'un travail temps plein. Si on arrive à aménager son temps, il me paraît possible de faire un mi-temps alimentaire ou de faire un jour de bénévolat dans le même milieu de nos études. Cela permet de directement lier la théorie à la pratique et ainsi mieux ancrer les apprentissages.
Avez-vous un dernier message que vous souhaiteriez faire passer ?
La pension, c’est à 67 ans, c’est ça ? Donc même à 47 ans, si notre métier nous ennuie, ça veut dire qu’on a encore 20 ans à y travailler. C’est long. Donc pour moi, si on a un doute, il ne faut pas hésiter et reprendre des études. D’autant que refaire des formations, ça améliore la confiance en soi. Apprendre de nouvelles choses, ça nous rend plus curieux et ça améliore la qualité de vie.